« La réussite ou l’échec d’une stratégie de santé publique dépend de l’efficacité de sa communication. » C’est ce que souligne Lucienne Roberts dans son article «What role does Design play in a public health crisis?». Dans un monde où les crises et les urgences peuvent survenir à tout moment, communiquer de manière rapide et efficace n’est plus une option, mais une nécessité. La communication, en particulier visuelle, joue un rôle critique dans la gestion d’une crise, que ce soit avant, pendant ou après l’événement. Le graphisme, en tant qu’outil visuel puissant, permet de transmettre les messages de manière efficace et peut, dans certains cas, sauver des vies.
Historiquement, les premières affiches d’urgence sont apparues dans les années 1950 pour sensibiliser la population à la menace de la Malaria. De simples typographies en gras ont suffi à capter l’attention et à informer. Ce type de communication visuelle minimaliste démontre que dans des situations d’urgence, la clarté et l’impact priment souvent sur la complexité esthétique.
Cependant, cette capacité du graphisme à répondre à l’urgence soulève plusieurs questions. Comment un graphiste parvient-il à produire rapidement des supports efficaces en période de crise ? La pression temporelle affecte-t-elle sa créativité ? Ce paradoxe entre la nécessité de répondre vite et le besoin de tester l’efficacité des visuels est particulièrement intéressant. L’exemple de la pandémie de COVID-19 illustre bien cette tension : les graphistes ont dû réagir en un temps record pour informer des millions de personnes sur les gestes à adopter face à la crise sanitaire. Des initiatives comme la plateforme collaborative « Design for Emergency » ont émergé, fournissant des supports visuels pour faciliter la vie des populations confinées à travers le monde.
Ce contexte nous amène également à nous interroger sur la responsabilité du graphiste dans ces situations. En effet, son travail peut conditionner le bon déroulement des actions de prévention ou d’intervention. J’aime percevoir le graphiste comme un « magicien » de l’information : il rend des données complexes immédiatement compréhensibles, et ce, parfois sous une forte pression.
Cet article tentera donc d’explorer à la fois l’importance du graphisme dans la gestion des crises et les défis auxquels les graphistes sont confrontés en termes de rapidité et d’efficacité. Il questionnera également le rôle crucial du graphiste dans la communication d’urgence, où chaque visuel conçu peut avoir un impact direct sur la sécurité des personnes.